La Cour des Comptes demande l’adaptation climatique des infrastructures énergétiques

 

Les récents rapports de la Cour des Comptes mettent en lumière la nécessité urgente d'investissements pour renforcer la résilience des centrales nucléaires et des barrages hydrauliques face à des conditions météorologiques de plus en plus extrêmes. EDF et les autres exploitants doivent prendre des mesures pour assurer la sécurité face au changement climatique.

 

Des risques croissants pour les installations nucléaires et hydrauliques

 

Les installations nucléaires et hydrauliques sont essentielles à la production électrique en France, contribuant jusqu’à 77 % de la production totale d’électricité en 2023. Cependant, ces infrastructures sont de plus en plus vulnérables aux effets du changement climatique, notamment la diminution de la disponibilité en eau due à l’augmentation des températures, les sécheresses prolongées et la baisse des débits des cours d’eau.

 

Nucléaire : problèmes de refroidissement des réacteurs

 

Les centrales nucléaires françaises, avec une puissance totale installée de 61,4 GW, sont majoritairement des réacteurs à eau pressurisée de deuxième génération, construits à la fin du XXe siècle. La montée des températures et les épisodes de sécheresse compromettent la disponibilité en eau nécessaire à ces processus. Le manque d'eau peut entraîner une surchauffe des réacteurs, augmentant ainsi les risques d'incidents et compromettant la sûreté des installations.

 

Hydraulique : baisse des débits des cours d'eau

 

La production hydroélectrique constitue 14 % du mix énergétique français. La baisse des débits des cours d'eau, causée par les sécheresses et la fonte des glaciers, réduit la capacité des barrages à produire de l'électricité. Cette diminution de la disponibilité en eau affecte directement la production hydroélectrique, mettant en péril la stabilité du réseau électrique national.


 

L'appel de la Cour des Comptes à l'action

 

Dans son dernier rapport annuel, la Cour des Comptes a clairement souligné l'urgence d'agir pour adapter les infrastructures énergétiques françaises au changement climatique. Cette institution de contrôle financier a mis en lumière le rôle des exploitants, notamment EDF et la Compagnie Nationale du Rhône, dans la gestion des risques liés au réchauffement climatique.

 

Intensifier les efforts d'adaptation du parc nucléaire et hydraulique

 

La Cour des Comptes recommande des investissements pour adapter les 18 centrales nucléaires françaises ainsi que les barrages et le réseau électrique. Ces investissements doivent renforcer la résilience des infrastructures face aux phénomènes météorologiques extrêmes comme les crues, les sécheresses et les glissements de terrain. Ils doivent comprendre des adaptations techniques et structurelles. Par exemple, des améliorations pourraient être apportées aux systèmes de refroidissement des réacteurs nucléaires, permettant une meilleure gestion des températures pendant les périodes de chaleur extrême. De même, des mesures de renforcement pourraient être mises en place sur les barrages hydrauliques.

 

Les investissements sont aussi nécessaires pour moderniser le réseau électrique afin de mieux faire face aux fluctuations de la demande et aux interruptions de service potentielles. Cela pourrait inclure des améliorations dans la gestion de la distribution d'électricité, ainsi que des investissements dans des technologies de stockage d'énergie pour garantir la continuité de l'approvisionnement électrique en cas de perturbations majeures.

 

Identification et mesure des coûts

 

La Cour rappelle la nécessité d'identifier et de mesurer les coûts associés à l'adaptation. Cette démarche permettrait aux exploitants de mieux comprendre les implications financières des mesures d'adaptation, tant en termes de fonctionnement quotidien que d'investissements à long terme. En évaluant précisément ces coûts, les exploitants pourraient prendre des décisions mieux orientées, sur les priorités d'investissement et les stratégies à adopter.

 

Importance de la transparence et de la responsabilité

 

En évoquant la nécessité d'identifier et de mesurer les coûts, la Cour des Comptes insiste sur l'importance de la transparence et de la responsabilité dans la gestion des risques climatiques. Les exploitants sont encouragés à fournir des informations claires et détaillées sur leurs initiatives d'adaptation, ainsi que sur les coûts associés à ces mesures. Cette transparence renforce la confiance du public dans la capacité d’EDF, entre autres, à faire face aux défis du changement climatique.


 

Projets d'adaptation en cours du parc nucléaire français

 

La Cour des Comptes rappelle qu’il faudrait envisager un accroissement des capacités d'entreposage des centrales, comme cela a déjà été envisagé à Civaux sur la Vienne après la canicule de l'été 2022. Cette mesure permettrait de stocker les effluents lorsque l'étiage des cours d'eau atteint son plus bas niveau, évitant ainsi les rejets qui causent des dommages à l'environnement. Elle insiste et approuve le projet d’EDF d’installer des tours aéroréfrigérantes dans les centrales EPR2 en bord de fleuve. Ces tours contribueraient à réduire les températures de réchauffement des rivières, préservant ainsi l'écosystème aquatique tout en assurant le fonctionnement optimal des centrales.

 

Dans la même idée, les futurs EPR de bord de mer seront installés à 11 mètres au-dessus du niveau de la mer, comme à Penly, en Seine-Maritime. En revanche, la Cour se désole que cette bonne initiative ne soit pas prévue pour l’EPR de Gravelines près de Dunkerque. En effet, selon les scénarios qui prévoient une accélération de la fonte des calottes glaciaires, une élévation du niveau de la mer de 0,9 à 1,25 mètre sera observée d’ici à 2075.

 

EDF, en tant que principal exploitant du parc nucléaire français, a aussi déjà lancé des projets d'adaptation. Notamment le projet Adapt, visant à modéliser le paysage énergétique français à l'horizon 2050. Ces initiatives s'inscrivent dans une perspective à long terme, permettant d’assurer la sécurité et la durabilité de la production énergétique française au-delà du XXIe siècle.


Pour conclure, les rapports récents de la Cour des Comptes soulignent l'urgence pour EDF et d'autres exploitants d'infrastructures énergétiques de prendre des mesures d'adaptation face aux risques croissants du changement climatique, mettant en lumière la nécessité d'investir pour renforcer la résilience des centrales nucléaires et des barrages hydrauliques. Ces recommandations, associées aux projets d'adaptation déjà en cours, reflètent un effort concerté visant à garantir la sécurité et la durabilité de la production énergétique française dans un contexte climatique en évolution rapide.