Une pénurie d’énergie est-elle possible cet hiver en France ?

Est-ce qu’une pénurie d’énergie est possible cet hiver en France ?

Aujourd’hui, appuyer sur un bouton pour avoir de la lumière ou allumer la télé nous semble totalement acquis, comme allumer un feu ou le chauffage pour se réchauffer durant les longues nuits d’hiver.

Avec la crise énergétique que nous traversons actuellement, est-ce que ces gestes du quotidien seront toujours aussi anodins ?

C’est l’objet de cet article dans lequel Place des Énergies tente de répondre à ces questions.

Qu’est-ce qu’une pénurie d’énergie ?

Une pénurie est un manque, une carence. Dans notre cas, nous sommes susceptibles de manquer d’électricité et de gaz.

Nous avons déjà évoqué le blackout dans notre article sur le mécanisme de capacité et c’est exactement ce que provoquerait une pénurie d’électricité.

L’ensemble du pays serait dans le noir complet durant la nuit et toutes les entreprises sans groupe électrogène de secours seraient paralysées.

Nous devrions donc recourir à l’éclairage à la bougie pour illuminer nos maisons, ce qui veut dire que l’ensemble de nos électroménagers serait hors d’usage, les frigidaires et les congélateurs compris…

Pour le gaz, une pénurie serait tout aussi catastrophique. La France prendrait des mesures concernant les ménages et certains industriels pour les inciter à consommer moins.

En effet, une pénurie de gaz obligerait la France à donner des priorités d’approvisionnement à certains secteurs plutôt que d’autres, comme l’Allemagne l’envisage déjà. 

On pourrait assister à la fermeture de zones industrielles pour une durée indéterminée entraînant ainsi une vague de chômage.

En cas de pénurie, la France prioriserait des secteurs nécessitant un approvisionnement vital en énergie, comme les hôpitaux ou le secteur agroalimentaire.

Ceux qui ne seraient pas jugés “nécessaires” seraient suspendus pour une période que nous sommes incapables de prédire.

Rassurez-vous, nous n’y sommes pas et le gouvernement prend des mesures pour éviter qu’une pénurie d’énergie n’advienne !

Qui peut être touché par une pénurie d’énergie ?

Une pénurie d’énergie peut toucher tout pays n’étant pas autosuffisant en énergie. 

En effet, certains pays peuvent être épargnés par ce genre de risque comme l’Éthiopie ou l’Islande qui produisent 100 % de leur électricité.

Ce n’est pas le cas en France ou en Europe en général. Le problème est que nous sommes dépendants d’autres pays pour nous fournir en énergie, surtout pour le gaz.

Effectivement, nous faisons appel à la Russie, le 1er exportateur et producteur de gaz du monde, pour nos livraisons. D’ailleurs, la Russie met actuellement des freins à l’Europe sur ses livraisons de gaz. (Nous aborderons en détail ce point dans le prochain paragraphe.)

Les consommateurs professionnels et particuliers seraient donc les principaux concernés en cas de pénurie d’énergie. Autrement dit, la France entière.

Maintenant que nous connaissons les dégâts que provoquerait une pénurie ainsi que les secteurs touchés, penchons-nous sur ses causes. 

Les causes d’une pénurie d’énergie.

Les causes sont multiples et méritent qu’on s’y attarde afin de mieux comprendre comment une pénurie d’énergie est envisageable. À l’heure actuelle, on repère 4 points alarmants laissant présager une éventuelle pénurie d’énergie :

Une période de transition

La France est aujourd’hui en période de transition énergétique.

 Elle veut réduire au maximum l’utilisation de moyens de productions d’énergies fossiles comme le charbon ou le fuel afin de limiter la pollution. Ces sites sont donc fermés.

Les chantiers de constructions d’énergies renouvelables prennent également du retard, notamment le parc éolien offshore au large du Croisic et du Saint-Nazaire.

Il fait partie des 15 parcs encore en construction et devraient être disponibles d’ici fin 2023. Par ailleurs, d’autres constructions voient le jour, comme des centrales nucléaires 3ᵉ génération (EPR). Cependant, celles-ci accusent aussi d’un retard de lancement. On pense particulièrement à la centrale de Flamanville où les finitions du chantier peinent à se terminer et prolongent le lancement du réacteur à 2023.

La guerre en Ukraine

Un autre point alarmant est la guerre survenant entre l’Ukraine et la Russie sur le sol ukrainien. 

En effet, afin de sanctionner l’Union européenne de l’aide qu’elle apporte à l’Ukraine, Vladimir Poutine diminue ses livraisons de gaz vers toute l’Europe. De nombreux pays d'Europe dépendent entièrement de la Russie pour leur approvisionnement en gaz. La Slovaquie ou les Pays Baltes sont de bons exemples. La part du gaz russe est de 80 % en Pologne, 65 % en Autriche, 37 % en Allemagne et en Italie et 24 % en France. La France a d’ores et déjà vu ses livraisons baisser depuis mai 2022.

La maintenance des centrales nucléaires françaises

 Sur 56 réacteurs nucléaires, 24 sont à l'arrêt, soit presque la moitié qui ne produit pas d’électricité.

Ces arrêts sont dus notamment au retard des maintenances, causé par les confinements successifs lors de la crise de la Covid-19. Ce n’est pas tout ! Nos centrales nucléaires sont vieillissantes et des anomalies ont été récemment détectées,  entraînant alors des fermetures supplémentaires…

Les conditions météos difficiles

Comme nous l’avons vu plus haut, le nucléaire français est au plus mal, mais le manque d’eau met, lui aussi, l’approvisionnement d’électricité en péril. En effet, le niveau des barrages hydroélectriques est au plus bas à cause des vagues de sécheresses qui s’abattent cet été sur le pays. Ceci provoque alors une baisse de la production d’électricité. Notons que les barrages hydroélectriques sont le second moyen de production d’électricité en France derrière le nucléaire…  C’est donc l’enchaînement de ces difficultés qui met actuellement en alerte les services publics !

Les solutions pour éviter la pénurie d’énergie.

Depuis le début de l’article, on pourrait s’attendre à un scénario catastrophe, mais ce scénario n’arrivera pas du jour au lendemain. Aujourd’hui, les plus grandes craintes portent sur cet hiver. Par chance, il existe des solutions pour prévenir une pénurie d’énergie. Le gouvernement français se penche déjà sur le sujet et envisage de rouvrir des centrales à charbon afin de produire de l’électricité et de pallier une éventuelle pénurie d’énergie.  Une mesure difficile à prendre puisque les centrales à charbon sont extrêmement polluantes (70x plus polluantes que le nucléaire). Heureusement, ceci n’est pas la seule solution que nous avons. Pour temporiser cette crise énergétique, le gouvernement compte également remplir ses réserves de gaz au plus proche du 100 %. Le gaz est une énergie que nous savons stocker, car nous le stockons sous forme liquide, ce qui facilite son transport et son stockage. Le but est de pouvoir tenir en cas d’hiver rude.

Avec toutes ces mesures mises en place, non seulement une centrale à charbon rouvrirait, les stocks de gaz devraient être à 100% pour cet hiver mais une dernière solution existe et elle appartient aux consommateurs.  En effet, il sera peut-être demandé cet hiver de baisser le chauffage à gaz de 2° aux heures de pointe ou de débrancher les appareils qui consomment de l’électricité inutilement.

Conclusion 

Pour conclure, nous pouvons noter que depuis 2021, le marché de l’énergie voit ses tensions s’intensifier.

Comme nous avons pu le voir, nous sommes capables de prévenir les risques d’éventuelles pénuries d’énergies. Cependant, il y a des facteurs que nous ne pouvons pas contrôler, comme la météo. Un hiver doux ou rude nous dira si les mesures seront suffisantes ou non.

Cette crise énergétique va engendrer des changements dans le paysage de l’énergie ainsi que dans la sphère politique. 

Nos sociétés évoluent et les gouvernements vont devoir prendre des décisions cruciales pour respecter la demande toujours plus forte en électricité et en gaz.

Place des Énergies décryptera pour vous ces évolutions tout au long de l’année.

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