En 2024, la consommation de gaz en France a atteint 361 TWh1, répondant aux besoins quotidiens de plus de 10 millions de consommateurs. Ses usages sont nombreux : chauffage, cuisson, ou encore transports, le gaz naturel continue de jouer un rôle important dans la vie des Français, malgré les ambitions de la transition énergétique. 

 

Or, pour assurer cet approvisionnement, la France dépend largement des importations, puisque sa production nationale est quasi inexistante. Mais d'où vient exactement le gaz que vous utilisez ? Aujourd’hui, les États-Unis et la Norvège figurent parmi les principaux fournisseurs, aux côtés de la Russie, dont la part tend toutefois à diminuer depuis le début du conflit en Ukraine. Les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis ont même doublé entre 2021 et 2022. 

 

Ces évolutions géopolitiques et économiques influencent profondément l’origine de notre énergie. Découvrez dans cet article qui sont les véritables piliers de l’approvisionnement gazier de la France.

 

France : quelle stratégie d’approvisionnement pour le gaz ?

 

Face à la réduction drastique des livraisons de gaz en provenance de la Russie depuis 2022, la France a su adapter sa stratégie pour continuer d'assurer son approvisionnement gazier. 

 

Fort heureusement, contrairement à certains voisins européens très dépendants du gaz russe, la France s’était déjà tournée vers une stratégie de diversification. C’est ainsi qu’en septembre 2022, le gaz russe ne comptait déjà plus que pour 9 % de notre consommation, contre 17 % en début d’année. Bien joué, puisque cette ré-orientation stratégique a permis d’éviter des tensions énergétiques majeures dans notre pays !

 

Aujourd’hui, près de la moitié du gaz consommé en France vient d’Europe, avec la Norvège comme premier fournisseur (environ 36 % de nos importations). Les Pays-Bas, l’Algérie, le Nigeria, le Qatar, les États-Unis et d’autres pays complètent ce bouquet énergétique. Nous y reviendrons plus en détail dans un instant !

 

Il convient toutefois de souligner que cette sécurité repose également sur quelques leviers internes : 

 

  • un remplissage anticipé des stockages de gaz à plus de 90 %, 

  • une augmentation des importations de gaz naturel liquéfié, 

  • une organisation pensée pour faire face à des situations de rupture. 

 

Par ailleurs, pendant que la France sécurise ses approvisionnements à court terme, elle prépare aussi l’avenir avec le développement du gaz vert, un gaz 100 % renouvelable, produit localement, et parfaitement compatible avec les équipements actuels. Une nouvelle étape vers le chemin vers l’indépendance énergétique ? À n’en pas douter !

 

La France, fortement dépendante en matière de gaz

 

L’énergie pèse lourd dans le déficit commercial français, avec 71 milliards d’euros, tandis que les dépenses totales pour satisfaire les besoins énergétiques du pays ont atteint 215 milliards d’euros en 2022. 

 

Les ménages y ont consacré près de 10 % de leur budget. Si la France produit plus de la moitié de son énergie primaire, elle reste malheureusement dépendante de l’importation des énergies fossiles, dont le gaz naturel. Or, bien qu’il ne soit pas renouvelable, ce dernier s’est peu à peu imposé (tout comme l’électricité), comme une alternative plus sobre en émissions face au charbon et au pétrole. Bien sûr, rien ne vaut le gaz vert, mais en attendant son développement à grande échelle, la France reste dépendante des autres pays du monde pour s’approvisionner en gaz naturel.

 

Comment le gaz est-il importé en France ?

 

Pour acheminer le gaz naturel depuis les pays producteurs jusqu’en France, deux grandes méthodes de transport sont utilisées : les gazoducs et les méthaniers

 

Les deux méthodes de transport du gaz en France

 

En matière d’acheminement du gaz, tout dépend de la distance à parcourir ! Lorsqu’il provient d’Europe du Nord ou de Russie, le gaz est acheminé sous forme gazeuse via des gazoducs. Il s’agit de longues canalisations souterraines, qui parcourent parfois plusieurs milliers de kilomètres. Le gaz y circule sous pression, à une vitesse de 10 à 40 km/h. 

 

Ce mode de transport représente actuellement 57 % de l’approvisionnement de la France. Pour les importations venant de pays plus éloignés comme les États-Unis, le Qatar ou le Nigeria, la solution maritime est privilégiée. Le gaz est alors liquéfié, ce qui réduit son volume par 600, puis transporté à bord de méthaniers jusqu’aux terminaux français. Quatre sites accueillent ce gaz naturel liquéfié (GNL) : 

 

  • Dunkerque, 

  • Montoir-de-Bretagne, 

  • Fos-Tonkin,

  • Fos-Cavaou.

 

Une fois sur place, il est regazéifié avant d’être injecté dans le réseau.

 

Qui paie pour cet acheminement ?

 

Ce sont les consommateurs finaux qui financent le transport et le stockage du gaz. Cette composante se matérialise sous la forme d’une taxe incluse sur votre facture : l’ATRT. Cette redevance, régulée par la CRE, a augmenté de 19 % en avril 2024. Elle s’élève désormais à environ 90 € par an2.

 

Les principaux exportateurs de gaz naturel en France

 

Nous l’avons évoqué, la Russie est en recul pour des raisons géopolitiques évidentes. Mais alors, qui approvisionne la France en gaz ?

 

Une nouvelle carte des exportateurs de gaz vers la France

 

Jusqu’en 2021, la Russie dominait largement les exportations de gaz vers l’Europe, fournissant environ 45 % du gaz consommé sur le continent. Mais tout a changé avec l’invasion de l’Ukraine en février 2022. En réaction au conflit, les pays européens ont pris la décision de réduire drastiquement leurs importations russes. 

 

Résultat : la part du gaz russe dans les importations de l’Union européenne est passée de 40 % en 2021 à seulement 8 % en 2023. La France n’a pas fait exception ! En réponse au conflit, elle a renforcé sa diversification énergétique pour sécuriser son approvisionnement et réduire sa vulnérabilité géopolitique. Mais alors, qui sont donc aujourd’hui les principaux fournisseurs de gaz de la France ?

 

La Norvège : premier partenaire énergétique

 

La Norvège remporte la première place dans cette nouvelle configuration du marché en France ! En 2023, elle représentait à elle seule 40,6 % de l’approvisionnement gazier français. Grâce à ses gisements en mer du Nord, la Norvège a en effet su s’imposer comme une alternative fiable au gaz russe. 

 

La régularité des livraisons est garantie par un transport essentiellement réalisé par gazoduc. Oslo a d’ailleurs renforcé ses exportations vers l’Europe, notamment en soutenant l’effort de solidarité énergétique entre pays membres. Ce partenariat énergétique solide permet à la France de sécuriser une part importante de son approvisionnement via un pays voisin politiquement stable… et, en bonus, engagé dans la transition énergétique !

 

L’essor du gaz liquéfié des États-Unis

 

Les États-Unis sont désormais un acteur incontournable pour le gaz français. En 2022, ils sont même temporairement devenus le premier fournisseur, avec 25 % des entrées brutes de gaz naturel. Bien que cette part ait un peu diminué en 2023, les États-Unis fournissent toujours 5,7 % du gaz consommé en France, principalement sous forme de GNL (gaz naturel liquéfié). 

 

En raison de la distance séparant les deux pays, le gaz est transporté par méthanier et regazéifié dans l’un des quatre terminaux méthaniers français. Cette flexibilité, apportée par la diversification des fournisseurs, permet à la France de s’approvisionner rapidement en cas de besoin, depuis un pays politiquement allié et à la production très abondante.

 

Quid de la Russie en 2025 ?

 

Alors, la Russie a-t-elle définitivement quitté la scène ? Le pays reste présent sur le marché gazier, mais de manière bien plus limitée. Les importations se font désormais surtout sous forme de GNL, car les flux par gazoduc ont chuté. Pour autant, la Russie reste l’un des plus grands producteurs mondiaux et conserve des liens commerciaux avec plusieurs pays non européens.

 

L’Algérie, un partenaire historique

 

Saviez-vous que l’Algérie englobait 9,5 % de l’approvisionnement français en 2023 ? À ce titre, le pays conserve une place de choix parmi les exportateurs de gaz vers la France. Historiquement liée au marché européen, l’Algérie exporte son gaz par gazoduc via l’Espagne, mais aussi sous forme de GNL. Ce partenariat s’explique de trois façons différentes : 

 

  • la proximité géographique, 

  • les réserves importantes du pays,

  • ses relations anciennes avec la France.

 

Même si la capacité d’exportation de l’Algérie reste en deçà de celle des États-Unis ou de la Norvège, le pays reste un partenaire de choix !

 

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La montée progressive du Nigeria

 

Le Nigeria fait lui aussi son petit bonhomme de chemin sur le marché gazier ! Il fournit à ce jour environ 9 % du gaz naturel consommé en France. Ses exportations sont exclusivement réalisées sous forme de GNL. S’il a rejoint les fournisseurs de gaz en France dans les années 2000, le pays a su conserver des volumes relativement stables. De fait, l’intérêt pour le gaz nigérian pourrait bien croître dans les prochaines années, si les infrastructures locales continuent de se développer. Un acteur intéressant à garder à l’œil !

 

Le retrait progressif des Pays-Bas

 

Les Pays-Bas représentaient autrefois 8 % de l’approvisionnement français, mais leur part a tendance à diminuer. En effet, le pays a finalement décidé de réduire progressivement sa production de gaz, notamment dans le champ de Groningue, pour des raisons environnementales et sismiques. Si le but est louable, cette politique affecte inévitablement ses capacités d’exportation vers ses voisins européens… dont la France !

 

Le Qatar : une source d’appoint

 

La France va encore plus loin dans sa stratégie de diversification, en conservant des sources d’appoint pour son approvisionnement en gaz. Par exemple, le Qatar exporte environ 4,2 % du gaz naturel consommé en France. Il est toutefois important de noter qu’il s’agit de l’un des plus grands exportateurs mondiaux de GNL, et que ses livraisons restent cruciales pour compléter les approvisionnements français en cas de tension.

 

Et les autres pays, alors ?

 

D’autres pays viennent encore compléter le tableau des importations françaises, comme sources d’appoint : 

 

  • le Royaume-Uni (5,7 %)

  • l’Union européenne dans son ensemble (3,8 %)

  • l’Angola, le Pérou ou encore Trinité-et-Tobago comme sources plus ponctuelles. 

 

Ces approvisionnements, bien que plus modestes, contribuent à leur niveau à la diversité du mix gazier français. Objectif : réduire les risques en cas de défaillance d’un fournisseur majeur !

 

Importation de gaz en France… En bref !

 

Si la France n’est pas productrice de gaz naturel, elle a su s’adapter à un contexte géopolitique mouvant. Sa stratégie est fort simple : diversifier autant que possible ses partenaires, tout en conservant deux acteurs majeurs (Norvège et États-Unis). Cette stratégie permet aujourd’hui de sécuriser une large part des besoins du territoire.

 

Mais l’enjeu ne s’arrête pas là ! À moyen et long terme, la France entend poursuivre sa transition vers une énergie plus durable en misant sur le gaz vert, qui a l’avantage de pouvoir être produit localement. Ainsi, alors que la consommation de gaz recule et que la production nationale de biométhane progresse, c’est tout un nouveau modèle énergétique qui semble vouloir se dessiner. Durable, mais aussi plus autonome et plus respectueux de l’environnement, il semble particulièrement prometteur.

 

1https://www.connaissancedesenergies.org/gaz-en-france-une-consommation-toujours-en-baisse-mais-un-transit-intensifie


2 https://selectra.info/energie/guides/comprendre/tarifs-acheminement/atrt