La réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis pourrait transformer le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL). D’un côté, les perspectives d’une levée du gel des nouveaux permis d’exportation alimentent les espoirs d’un approvisionnement important pour l’Europe, toujours en quête d’alternatives énergétiques face aux tensions géopolitiques croissantes. Toutefois, cette dynamique s’accompagne de risques, dont certains ont été annoncés par Donald Trump avant même son élection. Par ailleurs, les analystes alertent sur une volatilité toujours plus importante des marchés, accentuée par l’instabilité des flux énergétiques depuis la Russie et le Moyen-Orient. Que faut-il retenir à ce jour ?

 

Les États-Unis, un gros fournisseur de GNL

 

Les États-Unis se sont affirmés comme le principal fournisseur de GNL pour l’Europe. Le pays aurait en effet expédié 32 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié depuis le début de l’année. Les 43,5 milliards de mètres cubes concernés couvrent 45 % des importations européennes. Cette dépendance s’est par ailleurs accentuée depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, alors que l’Europe tente de se libérer de sa dépendance au gaz russe. 

 

En 2023, les États-Unis ont d’ailleurs renforcé leur position de leader mondial, en exportant pas moins de 21,1 % du GNL mondial. Ils surpassaient ainsi des concurrents de premier ordre, comme l’Australie et le Qatar. De fait, la victoire de Donald Trump face à Kamala Harris lors des élections présidentielles suscite des craintes en Europe. Certains experts redoutent en effet que cela ne favorise indirectement Vladimir Poutine, renforçant au passage les tensions géopolitiques autour de l’énergie. 

 

Pour Alan Whitefield, responsable de la recherche et gestion des risques chez Mitie Plan Zero, la réélection de Donald Trump pourrait malgré tout rendre le GNL plus disponible et abordable pour l’Europe. En parallèle, il ne cache pas qu’elle risque également d'accroître la volatilité des marchés mondiaux de l’énergie, avec des effets encore incertains. Place des Énergies fait le point.

 

Une position délicate face au conflit russo-ukrainien

 

La position des États-Unis face au conflit opposant la Russie et l’Ukraine est complexe et lourde de conséquences pour les marchés énergétiques. 

 

Donald Trump a affirmé durant sa campagne vouloir prioriser la fin de la guerre en Ukraine, ce qui, selon Anne-Sophie Corbeau, chercheuse au Centre de politique énergétique mondiale de l’Université Columbia, pourrait bouleverser les flux de gaz russe vers l’Europe. Un retour de la paix pourrait en effet rétablir les flux de gaz russe via l’Ukraine, bien que les analystes restent sceptiques quant à la capacité de Trump à obtenir une paix durable. 

 

Il nous semble important de noter que de nombreux pays européens ne semblent pas prêts à reprendre les importations de gaz russe. Toutefois, des nations comme l’Autriche, la Hongrie et la Slovaquie pourraient être tentées de renouer avec cet approvisionnement. Cela aurait pour effet de réduire les importations de GNL en Europe. De son côté, la politique étrangère de Trump pourrait également accroître les risques géopolitiques. Un affaiblissement de l’OTAN offrirait en effet à Vladimir Poutine davantage de latitude, menaçant la stabilité de l’Europe de l’Est et des flux énergétiques. Les tensions pourraient aussi s’intensifier au Moyen-Orient, affectant les prix du gaz et du pétrole. Autant d’incertitudes, qui font quelque peu trembler le secteur gazier…

 

Donald Trump serait favorable à l’essor du pétrole et du GNL

 

À première vue, le second mandat de Donald Trump signifierait un soutien affirmé au développement des industries pétrolière et gazière aux États-Unis.

 

Une politique énergétique favorable au pétrole et au GNL

 

Selon Alexis Ellender de Kpler, bien que Trump se concentrerait principalement sur des priorités nationales, les répercussions sur les marchés énergétiques européens seraient significatives. Sa vision énergétique repose en effet sur une sécurité énergétique américaine renforcée, mais inclut également l’idée de promouvoir l’exportation de l’excédent de production. Jusque-là, les nouvelles sont encourageantes ! 

 

D’autant plus que dernièrement, le gouvernement Biden avait instauré un gel temporaire sur les licences d’exportation de GNL vers les pays sans accord de libre-échange, afin d’évaluer l'impact environnemental de ces projets. Or, contrairement à l’ancien président américain, Donald Trump a déjà promis une accélération des autorisations en attente. Selon Ignacio Urbasos, chercheur à l’Institut royal Elcano, cette annonce laisse présager un scénario d’augmentation massive des exportations américaines de GNL d’ici la fin de la décennie.

 

Un "drill, baby, drill" aux impacts mondiaux

 

Donald Trump est notamment connu pour sa rhétorique énergique pro-exploration. Peut-être avez-vous déjà entendu son slogan emblématique : "drill, baby, drill" ("fore, bébé, fore")

 

Son approche vise à réduire drastiquement les prix de l'énergie pour les consommateurs américains. Elle s’assortit de la promesse (audacieuse !) de diviser par deux les factures énergétiques des Américains dès sa première année de mandat. Pour les analystes, cela passe par une dérégulation forte du secteur énergétique, en supprimant les restrictions pour encourager une production plus importante de pétrole et de gaz

 

Toutefois, il faut garder en vue que cette vision est en opposition avec les objectifs climatiques mondiaux et les efforts de transition énergétique… En 2017, Trump avait en effet déjà retiré les États-Unis de l’Accord de Paris. Or, un retour à la Maison-Blanche pourrait signifier une nouvelle sortie. Selon une étude de l'organisation Carbon Brief, un tel scénario rendrait pratiquement impossible de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Il entraînerait au contraire des émissions supplémentaires de 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 d'ici à 2030, l’équivalent des émissions annuelles cumulées de l’Europe et du Japon.

 

 

GNL : comment réagit l’Europe face à la menace des droits de douane augmentés ?

 

Alors que Donald Trump reprend possession du Bureau ovale, l'Union européenne se prépare à une possible mise en œuvre de droits de douane annoncés pendant sa campagne électorale.

 

Les préparatifs de l’Europe face aux nouvelles menaces douanières

 

Donald Trump avait annoncé son désir d’augmenter les droits de douane de manière drastique, afin de favoriser la production nationale. Ils seraient augmentés de 10 % à 20 % sur les produits importés aux États-Unis, et même bien plus pour les produits venant de Chine. 

 

Cette politique commerciale, plusieurs fois évoquée par le candidat républicain, concernerait un montant estimé à 3.000 milliards de dollars de biens. Antoine Bouët, directeur du Cepii, souligne l'ampleur de la menace pour l'Europe. De nombreux secteurs pourraient être durement touchés, dont celui du gaz naturel liquéfié. Dans les coulisses, la Commission européenne a d’ores et déjà commencé à modéliser les impacts d’une telle politique. Son but : anticiper les conséquences pour l'ensemble de l'UE et pour les économies les plus exposées. En public, les dirigeants européens restent prudents, mais des diplomates rapportent une inquiétude croissante, qui reste pour le moment dans l’incertitude des prochaines décisions du président américain.

 

Le gaz naturel liquéfié et la coopération comme leviers de négociation

 

Consciente du risque économique qui plane sur elle, l'UE envisage des stratégies pour apaiser le futur président américain, en explorant notamment de nouvelles options de coopération. Un axe clé pourrait justement être le gaz naturel liquéfié (GNL), pour lequel l’Europe pourrait augmenter ses importations depuis les États-Unis pour répondre aux préoccupations de déficit commercial de Donald Trump. 

 

En 2018, Trump et Jean-Claude Juncker, alors président de la Commission européenne, avaient conclu un accord visant à accroître les achats européens de GNL américain. Le but était alors d’éviter de nouvelles taxes sur l’acier et l’aluminium. Aujourd’hui, l'UE espère renouer avec cette stratégie, d'autant plus que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a renforcé les investissements européens pour diversifier les sources énergétiques

 

En bref… Un marché du GNL en stand-by, anticipons !

 

La réélection de Donald Trump pourrait profondément bouleverser le marché du GNL pour l’Europe. Sa politique assumée d’ « America First », visant à limiter les exportations énergétiques pour favoriser les consommateurs américains, pourrait en effet fragiliser les approvisionnements européens en gaz et accentuer la volatilité des prix. En parallèle, une guerre commerciale avec la Chine risquerait d’aggraver une récession mondiale, impactant encore davantage le secteur énergétique. Dans ce contexte incertain, peut-être les acteurs européens du GNL devront-ils repenser leurs alliances et leur stratégie d'approvisionnement, afin de préserver leur sécurité énergétique.

Vous craignez que les prochaines décisions outre-Atlantique n’impactent vos factures de gaz ? Prenez dès à présent contact avec nos experts en énergie. Ils vous dirigeront vers la meilleure offre de gaz du moment !


 

Sources : 

 

https://montelnews.com/fr/news/b90fd836-efd1-4467-9a8c-1f4351abf85b/victoire-de-trump-plus-de-gnl-et

 

https://www.lemondedelenergie.com/election-donald-trump-presidentielle-2024-aurait-impact-negatif-sur-cours-gaz-petrole/2024/08/13/

 

https://www.leblogauto.com/bilan-et-finances/ue-vs-trump--achats-de-gnl-pour-limiter-les-droits-de-douane---96701