Analyses du marché de l’électricité et du gaz naturel : décryptage des mois de mars et d’avril 2025
Mars et avril 2025 ont été marqués par une actualité riche sur le marché de l’énergie, dans un contexte mondial sous tension : conflit en Ukraine, instabilité au Moyen-Orient, guerre commerciale relancée par les États-Unis…. Malgré ce climat, les prix du gaz et de l’électricité sont restés globalement stables, avec une tendance à la baisse.
Pour autant, plusieurs événements (arrêts techniques de réacteurs, décisions politiques, adaptations réglementaires) ont pu affecter les équilibres du marché de l’énergie.
Place des Énergies vous propose une analyse complète de ces deux mois afin de mieux comprendre les tendances du secteur de l’énergie et de vous aider à ajuster vos stratégies.
Retour sur les faits marquants des mois de mars et avril 2025
L’actualité des mois de mars et avril 2025 a été marquée par des tensions géopolitiques et économiques particulièrement fortes.
Tout d’abord, le conflit en Ukraine continue de peser sur les relations internationales. Les États-Unis ont mené des discussions avec l’Ukraine et la Russie, sans véritablement désamorcer la situation. Les pays européens se sont vus dans l’obligation de discuter de leurs politiques de réarmement et de défense, cherchant ainsi à renforcer leur autonomie stratégique.
Au Moyen-Orient, les tensions continuent, notamment en raison de la politique américaine qui contribue à maintenir un climat régional instable.
De plus, le président américain Donald Trump a annoncé une augmentation des droits de douane sur les produits importés d'Europe et de Chine notamment, déclenchant une guerre commerciale. Cette décision a provoqué un krach boursier début avril, impactant les marchés financiers mondiaux et suscitant des craintes de récession économique.
Le secteur énergétique français a connu quelques rebondissements durant le mois de mars 2025. En effet, le 8 mars, TotalEnergies a officiellement annoncé l’abandon du projet Maya, une centrale solaire en Guyane française, en raison des ajustements apportés au projet révisé de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) pour la période 2025-2035.
Le 20 mars, le gouvernement français a limogé Luc Rémont, PDG d'EDF. Bernard Fontana, alors directeur général de Framatome, est nommé pour lui succéder. Cette décision s'inscrit dans la volonté qu’a la France de relancer le nucléaire, avec pour objectif le développement de nouveaux réacteurs dans le cadre de sa stratégie énergétique.
Prix de l’électricité : les tendances de mars et avril 2025
Les prix spot de l'électricité ont connu des fluctuations modérées au cours des mois de mars et avril 2025
Date |
3 mars |
14 mars |
31 mars |
4 avril |
14 avril |
17 avril |
Prix de l’électricité sur l’EEX |
63,48 €/MWh |
62,87 €/MWh |
62,39 €/MWh |
60,96 €/MWh |
61,64 €/MWh |
60,63 €/MWh |
Malgré une tendance à la baisse des prix de l’électricité, quelques évènements sont venus contrarier le marché :
• L'arrêt prolongé de l'EPR de Flamanville : à partir du 15 mars, l'EPR de Flamanville est en arrêt technique non programmé. Bien que la connexion au réseau électrique ait été rétablie le 19 avril seulement, cet arrêt a temporairement réduit la capacité de production, entraînant une tension sur les marchés de gros et une hausse de la demande sur les centrales à gaz.
• L'éclipse solaire du 26 mars a entraîné une baisse d'environ 25 % de la production photovoltaïque en Europe, créant des tensions sur le réseau électrique.
Zoom sur l’évolution des prix du gaz naturel en mars et avril 2025
Les prix du gaz naturel ont montré une tendance à la baisse au cours des mois de mars et d’avril 2025, malgré quelques fluctuations :
Date |
3 mars |
14 mars |
31 mars |
4 avril |
14 avril |
17 avril |
Prix du gaz sur l’EEX |
36,57 €/MWh |
33,56 €/MWh |
35,23 €/MWh |
33,56 €/MWh |
32,36 €/MWh |
33,00 €/MWh |
Tout comme le marché de l’électricité, le marché du gaz a connu des événements au cours des deux derniers mois, qui peuvent expliquer les fluctuations de prix :
- Courant mars, le marché du gaz a été sous tension en raison d'une explosion dans une station gazière en Russie et d'une panne en Norvège.
- En avril, les nouvelles taxes douanières imposées par Donald Trump ont entraîné une réorientation des exportations (de gaz) américaines de la Chine vers l'Europe, augmentant l'offre et faisant baisser les prix en France. Les prix du gaz sur le marché européen ont chuté, atteignant leur plus bas niveau en six mois, en raison des craintes d'une récession mondiale alimentée par les nouvelles taxes de douane des États-Unis.
- Au 1er avril, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a fixé le terme tarifaire de stockage (TTS) à 331,44 €/MWh/j/an, une forte hausse par rapport aux années précédentes. Bien que ce tarif n'affecte pas directement la facture des consommateurs, il a un impact indirect. En effet, plus le TSS sera élevé, plus les fournisseurs d’énergie seront amenés à anticiper leurs achats de gaz ou à rechercher de nouveaux moyens logistiques. Cela pourrait donc entraîner des ajustements sur les prix finaux pour les consommateurs. La forte hausse annoncée du TSS montre le niveau important des coûts liés à la sécurisation de l’approvisionnement en gaz.
Marché de l’énergie : quelles prévisions pour mai 2025 ?
Pour le mois de mai, plusieurs éléments laissent entrevoir une stabilisation, voire une baisse des prix de l’énergie. En effet, le prix du gaz devrait baisser après plusieurs mois de hausse. La Commission de régulation de l’énergie a publié son prix repère de vente du gaz (PRVG), affichant une baisse moyenne de 6,4 %. Cette diminution peut s’expliquer en partie grâce à l'arrivée des beaux jours et à l'amélioration des capacités de stockage et de transport en Europe. A noter également : la Commission européenne a lancé un appel d'offres pour l'achat groupé de gaz via AggregateEU, visant à garantir un approvisionnement stable et à attirer davantage de fournisseurs de gaz.
Côté électricité, la remise en service progressive de certains réacteurs nucléaires français, comme l’EPR de Flamanville, et une météo plus clémente pourraient alléger la pression sur les prix de gros. Toutefois, la révision de la PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) a réduit les ambitions pour le solaire et l'hydrogène, augmentant la dépendance au nucléaire et à l'éolien, ce qui pourrait limiter la diversification du mix énergétique. Affaire à suivre !
À découvrir : Face à un marché de l’énergie particulièrement volatil, la capacité d’anticipation devient un levier stratégique pour les industries et entreprises. C’est dans cette optique que Place des Énergies propose Predict AI, sa nouvelle solution d’intelligence artificielle dédiée à la prévision des prix de l’énergie.