Hydrogène : la nouvelle stratégie de la France en 2025
À l'occasion du Comité interministériel de l’Innovation du 10 avril 2025, le Premier ministre français a dévoilé la nouvelle orientation de la Stratégie nationale hydrogène. Forte de projets innovants, elle s’adapte aux défis contemporains de cette filière stratégique. Sous la houlette de Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, cette révision ambitieuse a été présentée en collaboration avec les ministres de la Transition écologique et des Transports, ainsi que le secrétaire général de France 2030.
Bien que le projet ait déjà connu de belles avancées, avec des progrès encourageants aux niveaux technologique et économique, la filière doit encore faire face à plusieurs défis d’envergure. L'actualisation de cette stratégie nationale était donc devenue incontournable. L’objectif est simple : assurer la compétitivité de la France dans ce secteur essentiel à sa souveraineté énergétique et industrielle !
Stratégie hydrogène : le bilan depuis 2020
Depuis le lancement de la Stratégie nationale hydrogène en 2020, la France a franchi plusieurs étapes dans le développement de cette filière clé pour la transition énergétique. Ainsi, plus de 150 projets ont été soutenus, avec le soutien de France 2030, permettant au passage la création de 8 000 emplois directs d’ici 2030 !
Le Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC) a lui aussi favorisé le déploiement de projets structurants, tels que des gigafactories d’électrolyseurs et de piles à combustible. En découlent les premières productions d’hydrogène utilisées dans des secteurs industriels comme la pétrochimie.
Oui, mais… ! Bien que les progrès soient visibles, la mise en œuvre à grande échelle des solutions hydrogène reste un véritable défi. La filière doit en effet encore surmonter des obstacles technologiques et faire face à une concurrence internationale croissante dans le domaine de la décarbonation.
Pourquoi la stratégie hydrogène est-elle réévaluée ?
La réévaluation de la stratégie hydrogène de la France en 2025 s'explique par plusieurs facteurs qui ont évolué depuis sa première version de 2020.
À l’origine, la stratégie visait en effet à faire monter en puissance ce vecteur énergétique clé, avec un budget de 9 milliards d'euros alloué d'ici 2030. Cependant, la maturation technico-économique des technologies hydrogène s'avère plus lente que prévu. C’est notamment le cas pour les électrolyseurs, dont les rendements et les coûts nécessitent encore des améliorations. De plus, l’ambition du gouvernement français se doit de prendre en compte les projets ambitieux développés ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis, en Chine, au Japon et en Corée, qui visent à renforcer l'exportation d'équipements hydrogène.
À cela s’ajoute la pression liée aux nouveaux objectifs du paquet européen "Fit For 55", que nous évoquions déjà dans cet article portant sur les nouvelles réglementations en matière d’énergie. Son but : fixer des exigences plus strictes en matière de décarbonation.
Dans un contexte aussi mouvant, le gouvernement n’a pas d’autre choix que d’adapter ses objectifs. Ce faisant, elle cherche à la fois à rationaliser les échéances et à définir des objectifs réalisables sur plusieurs horizons temporels.
Hydrogène : nouveau contexte, nouvelles mesures
Dans un contexte mondial de plus en plus concurrentiel, comment la France réajuste-t-elle concrètement sa stratégie hydrogène ?
Un soutien renforcé pour l’hydrogène bas-carbone
L’objectif d’installation d’électrolyseurs, qui était initialement fixé à 6,5 GW pour 2030, est désormais étendu à 4,5 GW d'ici à cette même année. Une nouvelle cible entre en jeu : 8 GW installés pour 2035.
En parallèle, l'État met un accent particulier sur l'industrialisation des équipements nécessaires à la production et à la distribution de l'hydrogène. Pour ce faire, il intègre davantage les acteurs industriels français tout au long de la chaîne de valeur. Afin de faciliter cette transition, des infrastructures de transport de l’hydrogène bas-carbone seront déployées, particulièrement dans les hubs stratégiques tels que Fos-sur-Mer et le Havre-Estuaire de la Seine, afin de relier producteurs et consommateurs. L’objectif de cette approche est simple : garantir une complémentarité et une plus grande efficacité des différents maillons de la filière hydrogène !
L’État a également relancé l’Appel à Projets « Briques Technologiques de l’Hydrogène IDH2 » pour soutenir les technologies critiques de l’hydrogène. En parallèle, un appel à projets pour le déploiement de véhicules utilitaires hydrogène est annoncé. Il a pour but de favoriser l’adoption de piles à combustible et de réservoirs.
Et ce n’est pas tout ! Des mesures spécifiques sont également prévues pour soutenir l’émergence de carburants de synthèse pour les secteurs aérien et maritime. Elles s’accompagnent de la mise en place d'un financement pour des études d’ingénierie à travers l’Appel à Projets Carburant Aériens Durables (CARB AERO).
Le soutien apporté dans le domaine de l’électrolyse
L’électrolyse de l’hydrogène repose sur plusieurs mesures destinées à réduire son coût de production, principalement lié au prix de l’électricité. Or, la compétitivité de cette méthode dépend largement des modalités d'approvisionnement en électricité.
Dans ce cadre, la stratégie nationale prévoit des dispositifs financiers incitatifs. Nous pouvons notamment citer l’exemption d’accise sur l’électricité et un abattement du tarif des réseaux électriques (TURPE) pour les électrolyseurs atteignant un seuil de puissance de 2 MW. Cette seule mesure permet de réduire jusqu’à 81 % des coûts liés au réseau !
Par ailleurs, afin de compenser les effets du coût du carbone sur les prix de l’électricité, une compensation des coûts indirects est prévue. Elle cible particulièrement les industriels exposés à la concurrence internationale. Son but : réduire de manière significative le coût de l’électricité, avec une estimation d’une baisse de 30 €/MWh si le prix des quotas de CO2 atteint 100 €/tCO2eq.
Parallèlement à ces mesures, le gouvernement a mis en place un mécanisme de soutien spécifique pour l'industrie. Il inclut une enveloppe de 4 milliards d'euros dédiée à financer le différentiel de prix entre l'hydrogène électrolytique et l'hydrogène fossile. Ce mécanisme est valable pour une période maximale de 15 ans. Il vise à soutenir la compétitivité de l'hydrogène produit par électrolyse.
La stratégie hydrogène 2025 de la France résumée en 3 points
En résumé, la stratégie hydrogène 2025 de la France repose sur des axes clés visant à renforcer la filière, tout en s'adaptant aux évolutions technologiques et aux défis mondiaux. Trois points essentiels se distinguent dans cette révision ambitieuse :
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La France mise sur une approche réaliste du développement des électrolyseurs, avec des objectifs revus à la baisse à court terme, mais des prévisions ambitieuses pour 2035.
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Un soutien massif à l’hydrogène bas-carbone est mis en place, notamment à travers des mécanismes financiers permettant de réduire le coût de production et de garantir la compétitivité de l’hydrogène français face aux autres acteurs internationaux.
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L'intégration des infrastructures de transport d’hydrogène au sein des hubs territoriaux permet de connecter les producteurs et les consommateurs, soutenant ainsi la structuration d’un écosystème aussi cohérent que performant.
Avec ces mesures, la France entend bien se positionner comme un acteur clé de la transition énergétique ! En parallèle, elle poursuit ses efforts pour atteindre les objectifs climatiques ambitieux de l’Union européenne et renforcer sa souveraineté industrielle. L’hydrogène vert fera-t-il partie de la solution ? Il en fera au moins partie !