En 2025, l’Union européenne doit relever des défis cruciaux pour améliorer son union de l’énergie, pilier essentiel de la transition climatique. Lors du Conseil européen de l’énergie, en date du 16 décembre 2024, les débats ont été nombreux. Ils ont notamment mis en relief des divergences sur l’équilibre entre les différentes énergies bas carbone dans les objectifs climatiques à long terme. 

La France, épaulée par l’Alliance européenne du nucléaire, a ainsi rassemblé quinze pays pour défendre le rôle du nucléaire dans la neutralité carbone. Son but : dénoncer une révision récente qui favorise les énergies renouvelables au détriment de la neutralité technologique. Alors que des observateurs “neutres” comme l’Italie et la Belgique suivent ces discussions avec attention, l’Europe semble bel et bien divisée sur la voie à suivre pour garantir un mix énergétique respectueux des ambitions climatiques. Que faut-il retenir ? Quelles sont les solutions proposées pour optimiser les coûts ? Place des Énergies fait le point.

 

Neutralité technologique : l’Alliance du nucléaire défend sa vision face à la Commission européenne

 

En marge du Conseil européen de l’énergie, l’Alliance européenne du nucléaire a réaffirmé l’importance d’évaluer objectivement les coûts de chaque source d’énergie dans leur globalité. 

 

Le coût complet de chaque énergie

 

La ministre française de l’Énergie, Agnès Pannier-Runacher, a insisté sur la nécessité de prendre en compte deux données distinctes : les coûts directs, mais aussi ceux liés à la gestion et à la stabilité des réseaux électriques. Avec une attention particulière portée à la faisabilité du projet, elle a défendu un mix énergétique équilibré

 

Dans sa vision des choses, parfaitement structurée, le nucléaire joue un rôle central grâce à sa fiabilité et à sa faible empreinte carbone. Les analyses du RTE confirment d’ailleurs cette approche, soulignant que les scénarios intégrant une forte proportion de nucléaire affichent des coûts réseaux compétitifs, tout en répondant aux exigences climatiques et énergétiques de l’Union européenne.

 

La reconnaissance du rôle du nucléaire

 

Longtemps critiqué, le nucléaire reste ainsi un incontournable dans le grand projet de transition énergétique. De fait, la réunion de l’Alliance européenne du nucléaire, qui a réuni quinze pays à Bruxelles, a permis de consolider le rôle stratégique de l’énergie nucléaire dans cet objectif commun. 

 

Bien que favorables aux énergies renouvelables, les participants de l’union de l'énergie ont rappelé que seule une complémentarité entre les différentes sources (renouvelables + nucléaire) peut garantir un approvisionnement à la fois stable et décarboné. Dan Jørgensen, commissaire européen présent lors de cette réunion, a lui-même reconnu le caractère indispensable du nucléaire pour atteindre les objectifs climatiques européens. Un soutien ô combien bienvenu, alors que des discussions sur les objectifs énergétiques pour 2040 menacent de compromettre le principe de neutralité technologique. Ce dernier est pourtant essentiel pour permettre aux États membres de définir leurs propres trajectoires vers la neutralité carbone.

 

Les axes d’amélioration proposés par la Commission

 

Lors de la réunion de la Commission européenne à Bruxelles, Lex Delles (Ministre de l'Économie, des PME, de l'Énergie et du Tourisme du Luxembourg) a lui aussi présenté sa vision des choses. Une vision ambitieuse pour l’avenir énergétique de l’Europe, axée sur 3 points : 

 

  • le développement massif des énergies renouvelables, 

  • l’amélioration des interconnexions,

  • le renforcement des capacités de stockage. 

 

D’autres ministres, à la vision similaire, n’hésitent pas à appuyer ses propos et propositions.

 

Vers un système énergétique compétitif et renouvelable

 

Ces trois axes d’amélioration semblent aujourd’hui incontournables pour garantir des prix de l’énergie compétitifs. En parallèle, ils soutiennent à la fois le pouvoir d’achat des citoyens et la compétitivité des entreprises européennes. 

 

Le ministre a également salué l’objectif 2040 pour les énergies renouvelables inclus dans la lettre de mission de Dan Jørgensen. Il insiste toutefois sur l’importance d’une simplification des réglementations, afin d’accélérer un déploiement à grande échelle. Ces initiatives, combinées à un soutien accru à l’énergie géothermique et à des mesures concrètes pour son adoption, illustrent l’engagement européen envers une décarbonation structurée.  

 

Coopération et compétitivité au cœur des priorités européennes !

 

Les débats ont souligné l’importance de renforcer la coopération régionale. Ce point, aussi simple qu’essentiel, permettrait de promouvoir l’interconnexion des marchés de l’électricité, tout en réduisant les coûts énergétiques au passage. 

 

À ces efforts s’ajoute une participation active du Luxembourg au groupe "Friends of Renewables". Le ministre du pays a d’ailleurs plaidé en faveur d’une coordination européenne optimale, afin d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables

 

Le débat Suède/Allemagne sur les prix de l'énergie

 

En ce 16 décembre 2024, des débats animés ont aussi eu lieu. La ministre suédoise de l’Énergie, Ebba Busch, est de nouveau montée au front face à l’Allemagne, au sujet des prix de l’énergie.

 

La Suède critique le modèle énergétique allemand

 

Ebba Busch reproche à Berlin son opposition persistante au financement européen des centrales nucléaires. Selon elle, cette position ralentit fortement le développement des énergies bas carbone dans l’Union européenne. Qualifiant cette attitude d’« hypocrisie », elle n’a pas hésité à critiquer la sortie du nucléaire décidée par l’Allemagne, une décision qu’elle considère responsable de l’envolée des prix de l’énergie en Suède. 

 

Cette situation exacerbe les divergences sur la manière de structurer le marché de l’électricité au sein de l’UE, notamment sur la question des zones tarifaires. Contrairement à la Suède, où les prix varient selon les régions, l’Allemagne maintient en effet un tarif unique à l’échelle nationale. Or, cette position va à l’encontre des recommandations de l’Agence de coopération des régulateurs de l’énergie (ACER).

 

Une proposition pour apaiser les tensions

 

Malgré sa position sur le sujet, Ebba Busch ne s’est pas contentée de critiquer.  Elle a également présenté une offre politique pour débloquer les discussions, en suggérant que l’Allemagne introduise une zone tarifaire distincte dans le nord du pays. Selon elle, cela permettrait en effet d’atténuer l’impact des prix élevés de l’électricité sur le marché suédois.

 

Mais c’est donnant-donnant ! En contrepartie, la Suède serait prête à reconsidérer son veto au projet du câble d’interconnexion Hansa Power Bridge, au point mort depuis des mois.


 

Le saviez-vous ? Le projet Hansa Power Bridge permettrait la création d’une connexion sous-marine électrique entre les deux pays : Suède et Allemagne.

 

En proposant cette alternative, Busch a tenté de trouver un terrain d’entente, tout en réaffirmant la nécessité d’un modèle énergétique européen plus équitable et coopératif.

 

Union de l'énergie 2024/2025 : que faut-il retenir ?


En dépit de discussions animées, plusieurs axes d’amélioration ont été proposés en ce lundi 16 décembre 2024 au sein de l’union de l’énergie. Ces débats illustrent les défis complexes de la transition énergétique européenne, où compétitivité et neutralité technologique s’entrechoquent. Bien que chaque pays défende ses priorités, une coopération renforcée semble indispensable pour bâtir une Union énergétique solide. Les solutions proposées démontrent toutefois la volonté de concilier décarbonation et stabilité énergétique, tout en consolidant l’Union de l’énergie comme pilier stratégique du futur européen.