La production en baisse de GNL aura-t-elle un impact en France ?

 

Le gaz naturel liquéfié (GNL) joue un rôle important dans le mix énergétique mondial, influençant les marchés de l'énergie, notamment en Europe et en France. La récente baisse de la production de GNL pourrait entraîner une hausse des prix du gaz en Europe et en France. Comment les gouvernements pourraient-ils faire face à un tel défi ?

 

Contexte global de la production de GNL

 

Le gaz naturel liquéfié offre une source d'énergie polyvalente et relativement propre. Son processus de liquéfaction permet de réduire considérablement son volume pour faciliter le transport sur de longues distances via des navires spécialisés. Le GNL est devenu une composante essentielle du mix énergétique mondial en raison de sa flexibilité d'utilisation dans divers secteurs.

 

Le GNL est perçu comme une alternative plus propre aux combustibles fossiles polluants, contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Avec une demande croissante en énergie dans le monde, ce gaz devrait continuer à jouer un rôle important dans le mix énergétique mondial futur. Il permet une transition vers des sources d'énergie plus durables tout en répondant aux besoins énergétiques de la population mondiale.

 

Les États-Unis, premier exportateur de GNL dans le monde

 

Les États-Unis dominent le marché en tant que principal exportateur de GNL, avec une production annuelle de 56,4 milliards de mètres cubes (Gm3) pour l’année 2022. Cette position dominante s'est consolidée ces dernières années, imposant les États-Unis comme principal acteur du marché du GNL, devant le Qatar et l'Australie. Le pays dispose de vastes réserves de gaz naturel, notamment de gaz de schiste, exploitées grâce à la technique de fracturation hydraulique. Toutefois, l’utilisation de ce gaz de schiste fait débat.

 

Le bas coût du GNL américain

 

Les États-Unis ont investi massivement dans la construction de liquéfacteurs de gaz naturel, permettant d'exporter le gaz vers les marchés étrangers. Le coût de production du gaz naturel y est relativement bas en comparaison avec d'autres régions du monde, grâce aux technologies de production avancées et à l'abondance des ressources. Les exportations américaines de GNL permettent de diversifier les sources d'approvisionnement et contribuent à la stabilisation des prix du gaz.


 

La baisse mondiale de production de GNL

 

La baisse de production de GNL, un phénomène mondial observé notamment en Australie, en Norvège, en Algérie et en Russie, a de fortes répercussions sur les marchés énergétiques internationaux. La guerre en Ukraine a perturbé les marchés énergétiques mondiaux, entraînant une réduction des exportations de gaz russe. Les sanctions contre la Russie ont restreint les investissements dans le secteur gazier russe, affectant la production de GNL. Sur le plan économique, la hausse des prix du gaz sur les marchés internationaux a rendu l'exportation de GNL moins attrayante pour certains pays producteurs. La croissance ralentie de la demande mondiale de GNL est due au développement des énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique. Sur le plan technique, les pénuries d'équipements nécessaires à la production de GNL et la maintenance des installations vieillissantes ont également contribué à la baisse de la production.

 

Cette diminution de l'offre conduit à une augmentation des prix du GNL sur les marchés mondiaux, impactant particulièrement les pays importateurs (Europe et Asie). Cette situation accroît les risques pour la sécurité énergétique en augmentant la dépendance à l'égard de certains fournisseurs et en exposant les marchés à des risques géopolitiques. Les industries dépendantes du gaz, utilisant cette ressource comme matière première ou source d'énergie, sont touchées par cette hausse des prix.


 

Le marché européen et français du gaz


 

Le GNL américain a joué un rôle croissant sur le marché européen au cours des dernières années. Cette tendance devrait se poursuivre.

 

Diversification des sources d'approvisionnement de GNL

 

L'arrivée du gaz américain en Europe offre une alternative au fournisseur historique traditionnel russe, mais aussi qatari et algérien. Cela permet de réduire la dépendance vis-à-vis de ces fournisseurs historiques et contribue à la sécurité énergétique de l'Europe. Il apporte aussi une plus grande flexibilité au marché européen en permettant des approvisionnements plus ponctuels et des contrats plus courts. Cela aide les pays européens à mieux gérer les fluctuations de la demande et à répondre aux besoins saisonniers.

 

Compétitivité des prix et infrastructure de réception de GNL

 

La production de gaz de schiste aux États-Unis a considérablement augmenté la disponibilité de GNL américain à des prix compétitifs sur le marché mondial. Cela met une pression à la baisse sur les pays européens qui proposent un prix du kWh plus bas. Par ailleurs, l'augmentation de la concurrence sur le marché européen du gaz naturel, notamment entre les fournisseurs traditionnels et les nouveaux arrivants (États-Unis), a également contribué à modérer les prix du gaz en France.

 

Chaque fournisseur historique traditionnel a dû ajuster ses prix et ses conditions contractuelles pour rester compétitif face à cette nouvelle dynamique du marché, ce qui a profité aux consommateurs français. Pour tirer pleinement parti du gaz américain en Europe, les pays de l’UE ont investi dans l'expansion et la modernisation de leurs infrastructures de réception de GNL, y compris les terminaux de regazéification.


 

Conséquences de la baisse de production de GNL

 

La baisse de production de GNL américain et mondial peut avoir un impact sur l'approvisionnement en gaz en France, en particulier en raison de son intégration dans le marché européen du gaz. La réduction de l'offre de GNL sur le marché européen peut créer des tensions d'approvisionnement. C’est surtout le cas pendant les périodes de forte demande hivernale durant lesquelles la demande de gaz pour le chauffage et la production d'électricité est à son apogée. Cette diminution de l'offre peut entraîner une hausse des prix du gaz sur les marchés internationaux, car l'Europe dépend en partie du GNL pour compenser les variations saisonnières de la demande.

 

Cette augmentation des prix du gaz aurait des répercussions directes sur le marché français. Les consommateurs français, qu'ils soient des ménages ou des entreprises, pourraient se retrouver confrontés à des factures énergétiques plus élevées. Cela pourrait impacter leur pouvoir d'achat et leur compétitivité sur le marché. Une augmentation des prix pourrait aussi inciter à une réduction de la consommation de gaz en France, affectant les industries qui dépendent fortement du gaz naturel (industrie manufacturière et production d'électricité).

 

Avec une réduction de l'offre de GNL, le fournisseur historique de gaz en France, Engie, pourrait être contraint de payer des prix plus élevés pour s'approvisionner en gaz sur le marché mondial. Cela pourrait réduire sa marge bénéficiaire et sa compétitivité sur le marché français. Cela pourrait également compliquer sa capacité à fournir du gaz à des prix abordables pour les consommateurs, ce qui pourrait avoir un impact sur sa réputation et sa position sur le marché.



 

Réponse du marché français face à la baisse d’importation de GNL

 

En réponse à la baisse de production de GNL, les fournisseurs peuvent mettre en place une baisse des gaz à prix fixe pour refléter l'augmentation des coûts de ce gaz sur les marchés internationaux. Cette hausse des prix peut inciter certains clients à se tourner vers les tarifs réglementés de vente, à la recherche de tarifs plus compétitifs. Le gouvernement français peut également intervenir pour ajuster le tarif réglementé de vente, afin de tenir compte de l'évolution des prix du gaz en France.

 

Les consommateurs français qui sont actuellement sous contrat avec le TRV gaz pourraient alors subir une augmentation de leurs factures d'énergie. Ils auront la possibilité de changer de gaz, à prix fixe, ainsi que de fournisseur d’énergie pour trouver des offres plus compétitives. Pour ce faire, il est d’ailleurs recommandé de solliciter l’expertise de professionnels de l’énergie. Dans des contextes de tensions sur les prix du gaz, les experts de Place des Énergies sont là pour accompagner les consommateurs souhaitant changer de fournisseurs de gaz. Si les prix augmentent à cause d’un manque de GNL, il est tout à fait possible de trouver des contrats moins chers. N’hésitez pas à contacter l’un de nos experts au 09 80 80 23 80 pour obtenir une étude gratuite.

 

Dans un tel contexte, la France devra prendre des mesures pour atténuer les effets de la baisse de production de GNL. Cela pourrait inclure une diversification des sources d'approvisionnement en gaz, en renforçant les importations par pipeline en provenance d'autres pays producteurs et en investissant davantage dans les énergies renouvelables pour réduire la dépendance au gaz. Le risque ici est de redevenir dépendant du gaz russe.


 

Stratégies pour limiter la hausse du prix du gaz en France

 

Face à la baisse de production de GNL, la France doit adopter des stratégies pour minimiser son impact sur l'approvisionnement en gaz et garantir la sécurité énergétique du pays.

 

Capacités de stockage de gaz

 

Pour pallier les fluctuations de la production de GNL, l’Hexagone peut renforcer ses capacités de stockage de gaz. Cela pourrait inclure le stockage du gaz pendant les périodes de production excédentaire pour répondre à la demande lors des périodes de faible production. Le développement d'infrastructures de stockage stratégiques est important pour garantir la sécurité énergétique, surtout en hiver.

 

La France peut coopérer étroitement avec les autres pays européens pour mutualiser les ressources et les infrastructures gazières. Des projets communs d'approvisionnement en gaz et d'investissement dans les énergies renouvelables peuvent contribuer à renforcer la sécurité énergétique de l'ensemble de l'Union européenne.

 

Amélioration de l'efficacité énergétique

 

Encourager les gestes éco-responsables et la rénovation énergétique des bâtiments peut aider à réduire la consommation de gaz. Des politiques incitatives visant à promouvoir l'adoption de technologies économes en énergie sont essentielles. Investir dans la recherche et le développement de nouvelles technologies pour l'exploitation et l'utilisation du gaz est une piste intéressante.

 

Les prévisions futures pour le GNL

 

Il est difficile de prévoir avec certitude l'évolution du marché du GNL à moyen et long terme. Néanmoins, il est possible de se baser sur des scénarios et des tendances pour esquisser quelques perspectives. Selon l’IEEFA, les importations européennes de GNL ont augmenté de 60 % en 2022 par rapport à 2021, en provenance des États-Unis, du Qatar et de la Russie. La France a été le principal importateur européen de GNL, en particulier en provenance de Russie. Le développement des capacités de GNL en Europe dépasse les prévisions de consommation, ce qui crée un risque d'actifs échoués et de surcoût pour les consommateurs. La demande européenne de GNL pourrait atteindre entre 150 et 190 milliards de mètres cubes en 2030, alors que les capacités cumulées des terminaux de GNL en Europe pourraient s'élever à près de 400 milliards de mètres cubes par an à l'horizon 2030.

 

Selon les données en février 2024 d’un graphique de Selectra (source CRE), on observe une forte hausse des prix entre juin et octobre 2023, suivie d'une baisse progressive jusqu'en février 2024. Cette fluctuation s'explique par la tension entre la Russie et l'Ukraine, la faible production de GNL en Asie, la demande accrue en Europe et la fin du tarif réglementé de vente du gaz en France. La tendance pour les prochaines années est incertaine. Il est probable que le prix du gaz reste élevé et volatil, en raison de la dépendance aux importations, de la concurrence avec les autres marchés et de la transition vers les énergies renouvelables.


 

Prix du gaz en France : implications fiscales et réglementaires

 

Les gouvernements peuvent ajuster les taxes sur le gaz pour réduire l’impact de l’augmentation des prix sur les factures finales. Par exemple, depuis le 1ᵉʳ janvier 2019 et jusqu’en 2024, la Taxe Intérieure de Consommation sur le Gaz Naturel (TICGN) avait été bloqué à 8,45 €/MWh. Avec la baisse des prix du gaz en France constatée fin 2023, début 2024, la TICGN est remontée à 16,37 €/MWh. Si l’importation de GNL devient un problème, qu’elle chute trop et qu’elle force les prix à remonter, les pouvoirs publics pourraient envisager soit une nouvelle baisse de cette taxe, soit une remontée plus lente. De même, des taxes incitatives peuvent être mises en place pour encourager la consommation d'énergies renouvelables et décourager l'utilisation des énergies fossiles.


Les tarifs réglementés du gaz peuvent être ajustés pour tenir compte de la fluctuation des prix du gaz sur les marchés internationaux. Les gouvernements pourraient inciter le développement de sources nationales de gaz, comme l'exploitation de gisements de gaz non conventionnels. Des mesures d'efficacité énergétique peuvent être mises en place pour réduire la demande de gaz, ce qui pourrait contribuer à atténuer les pressions sur les prix en période de crise d'approvisionnement.