Malgré une baisse des prix de l’électricité, EDF a annoncé un bénéfice net impressionnant de 11,4 milliards d’euros pour l’année 2024. Comment expliquer un résultat aussi impressionnant ? En cause : le rebond de sa production nucléaire et hydraulique, qui retrouve son niveau d’avant 2022. Malgré tout, le géant de l’électricité voit ses résultats globaux en léger recul par rapport à une année 2023 exceptionnelle. Son directeur financier, Xavier Girre, souligne qu’il s’agit néanmoins de la « deuxième meilleure année du groupe ».

 

Autre fait marquant à souligner pour 2024 : l’entrée en service de l’EPR de Flamanville, connecté au réseau fin décembre. Il devrait atteindre sa pleine puissance d’ici l’été 2025. Autant de performances qui témoignent du rôle central d’EDF dans le paysage énergétique français, malgré un contexte de marché ô combien fluctuant. Alors, que signifient ces chiffres pour EDF, aujourd'hui et pour l’avenir ? Place des Énergies fait le point !

 

Les chiffres clés des résultats d’EDF 2024

 

L’énergéticien français a enregistré un bénéfice record de 11,4 milliards d’euros. Cependant, son chiffre d’affaires global est légèrement en recul par rapport à 2023, et un repli des résultats est déjà anticipé pour 2025.

 

Une production d’électricité en forte hausse 

 

EDF a retrouvé un niveau de production proche de celui d’avant 2022, grâce à l’augmentation de la production nucléaire et hydraulique. La production totale atteint 520 TWh, avec une hausse de 41,3 TWh pour le nucléaire en France et 12,7 TWh pour l’hydraulique. Cette dynamique a largement contribué aux bons résultats financiers du groupe.

 

Un chiffre d’affaires en recul malgré un bénéfice record

 

Le chiffre d’affaires d’EDF est en baisse de 15,7 % par rapport à 2023. Cette diminution s’explique par la baisse des prix de l’électricité sur les marchés européens. Malgré tout, EDF a su tirer profit de sa production importante pour dégager un EBITDA de 36,5 milliards d’euros, malgré un recul de 3,4 milliards d’euros dû à la conjoncture des prix de marché.

 

C’est quoi l’EBITDA ? L'EBITDA (Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization) est un indicateur financier mesurant la performance opérationnelle d'une entreprise avant certains coûts non liés à l'exploitation.

 

Des perspectives plus incertaines pour 2025

 

Si 2024 est restée une année solide, EDF anticipe déjà une baisse de ses résultats pour 2025. La production d’électricité devrait rester stable, mais plusieurs facteurs risquent en effet d’impacter sa rentabilité : 

 

  • la baisse des prix de marché, 

  • les maintenances nucléaires,

  • une potentielle variabilité des conditions météorologiques pour l’hydraulique. 

 

L’entreprise devra également gérer le défi de l’évolution du marché énergétique avec la fin de l’ARENH et la mise en place du Versement Nucléaire Universel.

 

EDF : vers une dette stabilisée ?

 

Malgré un environnement économique fluctuant, EDF parvient à stabiliser son endettement financier net, qui s’élève à 54,3 milliards d’euros. À titre indicatif, ce niveau est similaire à celui de 2023. 

 

Cette stabilisation résulte notamment d’un cash-flow positif, compensé par des remboursements et émissions d’obligations hybrides. En 2024, EDF a levé 6,7 milliards d’euros d’obligations, tout en réduisant son endettement à court terme et en allongeant la maturité de sa dette à 13 ans (contre 11 ans en 2023). 

 

Comment expliquer une telle stratégie ? Dans un contexte de taux d’intérêt élevés, cette initiative permet de maîtriser le coût du financement tout en assurant la viabilité des investissements à long terme. Ainsi, à horizon 2027, EDF vise un ratio endettement net/EBITDA inférieur à 2,5x et une dette économique ajustée/EBITDA sous le seuil de 4x.

 

Entre demande en hausse et projets d’EDF

 

EDF doit composer avec une demande en électricité en forte hausse et des investissements importants pour garantir sa production future. Luc Rémont, directeur général d’EDF, mise sur le développement d’offres attractives pour inciter les industriels à opter pour l’électricité dans leurs processus. 

 

Pour mener à bien ces projets, son plan stratégique s’appelle Ambitions 2035. Il vise à générer une demande supplémentaire de 150 TWh d’ici à 2035. Pour rassurer les grands consommateurs face à la fin de l’ARENH et à la volatilité des prix, EDF s’appuie sur ses contrats d’allocation de la production nucléaire, permettant d’assurer un tarif stable autour de 70 €/MWh. 

 

Mais en parallèle, le groupe doit faire face à des défis de taille :

 

  • la finalisation de l’EPR d’Hinkley Point au Royaume-Uni, 

  • l’impact des décisions américaines défavorables à l’éolien en mer,

  • le lancement du plan de construction de six nouveaux réacteurs EPR 2. 

 

Conscient que la baisse des prix de l’électricité pourrait fragiliser la rentabilité du groupe, Luc Rémont reste prudent pour 2025, anticipant un recul de l’Ebitda compris entre 7 et 9 milliards d’euros.  

 

Si les enjeux sont de taille, ils s’inscrivent en plus dans un contexte bien plus large, où la compétitivité énergétique devient primordiale pour maintenir l’industrialisation en France et en Europe.

 

Que faut-il retenir des résultats financiers 2024 d’EDF ?

 

Les résultats financiers d’EDF en 2024 traduisent un paradoxe : une performance opérationnelle solide, portée par une production d’électricité en hausse, mais un avenir semé d’incertitudes. La baisse des prix de marché et les lourds investissements à venir placent le groupe dans une situation où il doit trouver un équilibre entre rentabilité et ambition industrielle.  

 

Au-delà d’EDF, c’est l’ensemble du modèle énergétique européen qui est en pleine mutation. La fin des tarifs régulés, les tensions géopolitiques impactant l’approvisionnement en énergie et la nécessité d’atteindre la neutralité carbone nous poussent à nous interroger sur la capacité des États et des entreprises à assurer un système énergétique stable et compétitif. 


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Yann Gudin

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