Fin de l’ARENH : quel impact sur nos factures d’électricité ?
La fin de l'ARENH arrive à grands pas : au 31 décembre 2025, ce mécanisme permettant aux fournisseurs alternatifs d'acheter de l’électricité nucléaire à tarif régulé disparaîtra. Dès 2026, un nouveau dispositif, le Versement Nucléaire Universel (VNU), entrera en vigueur, remodelant les prix de l’électricité nucléaire produite par EDF. Un tournant d’importance pour le marché de l’électricité, qui aura forcément des répercussions sur les factures des consommateurs. D’ores et déjà, l’État promet un cadre plus protecteur et un contrôle renforcé des revenus d’EDF. Que signifie concrètement cette réforme pour les particuliers et les entreprises ? Les prix vont-ils flamber ? Place des Énergies vous offre son décryptage des conséquences de l’après-ARENH.
L’ARENH : un dispositif jusque-là avantageux
Depuis son instauration par la loi NOME en 2010, l'Accès Réglementé à l'Électricité Nucléaire Historique (ARENH) a permis de faire jouer la concurrence sur le marché de l’électricité. Grâce à ce dispositif, les fournisseurs alternatifs tels qu'Engie, TotalEnergies ou encore Enercoop ont pu acheter jusqu’à 100 térawattheures (TWh) d’électricité nucléaire produite par EDF à un tarif fixe de 42 €/MWh. L’ARENH, encore en vigueur jusqu’à fin 2025, permet aux fournisseurs alternatifs de proposer des offres compétitives aux consommateurs finaux.
Mais que se passe-t-il une fois le seuil des 100 TWh atteint ? Les fournisseurs doivent alors se tourner vers le marché de gros. Toutefois, les prix peuvent y être près de deux fois plus élevés, rendant l’ARENH d’autant plus avantageux.
Son tarif est calculé en prenant en compte divers coûts, parmi lesquels :
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la rémunération des capitaux investis par EDF,
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les frais d’exploitation et de maintenance des centrales,
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les coûts prévisionnels liés au démantèlement.
Chaque année, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) réévalue ce prix, afin qu’il reflète au mieux les réalités économiques du secteur. En maintenant un accès encadré à l’électricité nucléaire, l’ARENH a jusqu’ici permis de stabiliser les prix et de préserver une grande diversité d’offres pour les consommateurs.
Malheureusement, avec sa disparition prévue fin 2025, la question de son remplacement soulève de nombreuses inquiétudes sur l’évolution du marché et le coût futur de l’électricité.
Quels sont les prix de l’ARENH en 2025 ?
Puisque le dispositif ne s’arrête qu’à la fin de l’année, en 2025 le tarif de l’ARENH reste fixé à 42 €/MWh. Pourtant, force est de constater que la demande des fournisseurs alternatifs a explosé ! Ils ont en effet sollicité 135 TWh d’électricité via le mécanisme de l’ARENH, bien au-delà du plafond de 100 TWh initialement imposé par la réglementation.
Il est vrai qu’en se tournant vers le marché de gros pour combler leurs besoins, ils ont face à eux des prix pouvant atteindre 74 €/MWh. Un écart énorme, qui a immanquablement un impact direct sur la compétitivité des offres proposées aux consommateurs.
Le saviez-vous ? Historiquement, le prix de l’ARENH n’a connu que de rares ajustements : fixé à 40 €/MWh en 2011, il a été relevé à 42 €/MWh en 2012, puis exceptionnellement porté à 46,5 €/MWh en 2022 avant de retrouver son niveau d’origine en 2023.
Pourquoi l'ARENH disparaît-il fin 2025 ?
Malgré son objectif initial de favoriser la concurrence, l’ARENH a rencontré plusieurs limites au fil des ans. La plus importante est le volume d’électricité accessible à prix régulé, plafonné à 100 TWh, obligeant les fournisseurs à se tourner vers les prix plus élevés du marché de gros. Cette contrainte a inévitablement accentué la volatilité des tarifs, et donc contribué à l’augmentation du coût du bouclier tarifaire pris en charge par l’État. Pour pallier ces déséquilibres, un nouveau système, le Versement Nucléaire Universel (VNU) prendra le relais, avec l’ambition d’apporter plus de stabilité et de mieux protéger les consommateurs.
À quoi faut-il s’attendre pour l’après-ARENH dès 2026 ?
À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, l'ARENH sera remplacé par un nouveau mécanisme visant à encadrer les prix, avec un prix moyen du mégawattheure fixé à 70 € sur 15 ans. EDF pourra alors vendre l’intégralité de sa production nucléaire directement sur les marchés, sans la limitation des 100 TWh imposée par l’ARENH.
Mais alors, que se passera-t-il en cas de flambée des prix de gros ? C’est là que le Versement Nucléaire Universel (VNU) intervient ! Son rôle est de redistribuer aux consommateurs une partie des revenus supplémentaires perçus par EDF. Si le prix dépasse 78 €/MWh, 50 % des revenus excédentaires seront reversés aux consommateurs, et ce taux grimpera à 90 % au-delà de 110 €/MWh. À l’inverse, si les prix chutent sous le seuil des 70 €/MWh, un mécanisme de contrats pour différence (CFD) permettra à EDF d’être compensé par l’État pour garantir la stabilité de ses revenus.
Pour faire simple, on apprend de nos erreurs passées ! Ce dispositif vise en effet à éviter une trop grande volatilité du marché. Pourtant, certains acteurs s’inquiètent de la capacité du VNU à réellement protéger les consommateurs face à d’éventuelles hausses tarifaires. Pour limiter ces risques, une taxe progressive encadrera les revenus d’EDF, avec des taux de prélèvement variant en fonction des prix.
La fin de l’ARENH en 2025 résumée en 3 points
La disparition de l’ARENH au 31 décembre 2025 promet déjà de marquer profondément le marché de l’électricité en France. Si ce dispositif a longtemps permis aux fournisseurs alternatifs de proposer des offres compétitives, son remplacement par un nouveau cadre tarifaire soulève des interrogations. Que faut-il retenir ?
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L’ARENH prend fin après 15 ans de prix avantageux : depuis 2010, ce mécanisme a permis aux fournisseurs d’accéder à une partie de l’électricité nucléaire à prix régulé. Son plafonnement et son incapacité à contenir la hausse des prix ont conduit à sa suppression.
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Un nouveau système basé sur un prix moyen de 70 €/MWh : dès 2026, EDF vendra toute sa production sur le marché, avec un encadrement des prix et des compensations en cas de forte hausse ou de baisse significative.
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Des incertitudes sur l’impact pour les consommateurs : si le Versement Nucléaire Universel vise à stabiliser les tarifs, certains experts redoutent une hausse des factures, malgré les dispositifs de redistribution prévus.
L’objectif affiché est de garantir un équilibre entre protection des consommateurs et viabilité économique du parc nucléaire français. Suite aux récentes augmentations des taxes liées à l’électricité, les consommateurs sont nombreux à espérer qu’une nouvelle hausse du prix au kWh n’est pas à prévoir !