COP29 : Des pays hôtes en contradiction avec les objectifs climatiques mondiaux
Les conférences climatiques annuelles, telles que la COP, permettent de coordonner les efforts mondiaux contre le réchauffement climatique. Pourtant, les hôtes des COP28, COP29 et COP30 – les Émirats arabes unis, l'Azerbaïdjan et le Brésil – pourraient bien mettre à mal les efforts énergétiques mondiaux. Contre toute attente, ils prévoient en effet d’augmenter considérablement leur production de pétrole et de gaz dans les prochaines années.
Ces ambitions fossiles sont en totale contradiction avec l'objectif mondial : réduire la production de combustibles fossiles de 55 % d'ici à 2035, pour limiter le réchauffement à 1,5 °C. Cette incohérence soulève des questions importantes sur le rôle et la crédibilité de ces nations en tant que leaders des COP, alors que la transition énergétique devient plus urgente que jamais. Que faut-il retenir ?
Azerbaïdjan : un hôte controversé pour la COP29, entre influences politiques et conflits d'intérêts
L’organisation de la COP29 en Azerbaïdjan a suscité une vive controverse, au même titre que les COP28 et COP30.
Les énergies fossiles adulées par l’Azerbaïdjan
Une telle controverse est alimentée par la gouvernance autoritaire du président Ilham Aliev et les liens profonds du pays avec l’industrie des énergies fossiles. Elle trouve son origine dans le non-alignement de la vision énergétique du pays avec les objectifs climatiques mondiaux. L’énergie nucléaire devrait être en déclin, pourtant elle est plus que jamais mise en avant. Pire encore, le pays encourage son développement à plus grande échelle.
Qualifiant les riches réserves de pétrole et de gaz de son pays de « don de Dieu », Aliev incarne en effet une vision économique axée sur l’exploitation des hydrocarbures. De fait, il se retrouve en totale contradiction avec les objectifs de transition énergétique.
Face à la polémique, ce choix de pays hôte soulève des inquiétudes quant à l’indépendance et à la crédibilité de la conférence. Le président désigné de la COP29, Moukhtar Babaïev, symbolise d’ailleurs parfaitement cette tension entre diplomatie climatique et intérêts économiques. En tant qu’ancien cadre de la compagnie pétrolière nationale SOCAR, moteur de l’expansion régionale des énergies fossiles, certains redoutent son influence. Ils craignent en effet qu’il transforme la COP29 en une tribune pour la promotion des énergies fossiles, plutôt qu’en une plateforme de lutte contre le réchauffement climatique.
Un schéma qui se répète ?
La situation évoque un schéma déjà observé lors de la COP28 aux Émirats arabes unis. Des conflits d’intérêts similaires avaient alors d’ores et déjà été dénoncés. Des ONG locales, souvent accusées de promouvoir les intérêts du régime et la présence massive de lobbyistes de l’industrie fossile (1 800 selon l’organisation Kick Big Polluters Out) renforcent les craintes d’un détournement de l’événement.
Amnesty International alerte également sur un possible « blanchiment de réputation » orchestré par le gouvernement, alors que la planète atteint un seuil critique de réchauffement.
Le saviez-vous ? En dépit d’une empreinte carbone relativement faible (0,1 % des émissions mondiales), l’Azerbaïdjan reste un acteur majeur de l’exportation de combustibles fossiles.
De fait, le pays n’envisage à aucun moment une possible réduction de sa production. C’est précisément cette double position qui a fait s’interroger le monde entier : comment un pays peut-il prétendre accueillir une conférence mondiale sur le climat tout en défendant un modèle économique basé sur les hydrocarbures ?
Une Troïka entière en désaccord avec les objectifs climatiques
Malheureusement, l’Azerbaïdjan n’est pas le seul acteur controversé. La COP29 s’inscrit en effet dans une série de conférences où le rôle des pays hôtes est de plus en plus remis en question.
La « troïka » composée des Émirats arabes unis, de l’Azerbaïdjan et du Brésil, responsables respectivement des COP28, COP29 et COP30, affiche des ambitions économiques en totale contradiction avec les objectifs climatiques mondiaux. Ensemble, ces trois nations projettent d’augmenter leur production de pétrole et de gaz de 32 % d’ici à 2035. Face à ces pays, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) recommande quant à elle une baisse de 55 % sur la même période pour espérer contenir le réchauffement planétaire à 1,5 °C.
Pourtant, les 3 pays en cause avaient pris des engagements officiels : inclure des réductions d’émissions dans leurs contributions climatiques nationales (NDC) pour 2035. Malgré tout, force est de constater que ces pays maintiennent une très forte dépendance aux énergies fossiles. D’après leurs propres dires et convictions, cela n’est pas près de changer. L’argent n’est-il pas le nerf de la guerre ?
Oui, mais… Inévitablement, ce décalage entre discours et actions fragilise leur crédibilité. Pire encore, cela pourrait compromettre fortement les efforts mondiaux vers une transition énergétique juste. Et les craintes vont encore bien au-delà : de nombreux dirigeants craignent en effet qu’en s’érigeant en modèle d’un leadership climatique ambigu, la Troïka puisse encourager d’autres nations à emprunter un chemin similaire. De fait, c’est alors toute une ambition collective de neutralité carbone qui serait mise à mal.
Cinq autres pays dans la ligne de mire en plus de la Troïka
La liste des pays à surveiller ne semble pas s’arrêter là ! Certes, les pays organisateurs sont souvent pointés du doigt. Toutefois, la responsabilité de freiner l’expansion des énergies fossiles s’étend bien au-delà de la « troïka ». Des nations développées comme les États-Unis, le Canada, l’Australie, la Norvège et le Royaume-Uni envisagent en effet des augmentations importantes de leur production pétrolière et gazière. Ces projets pourraient représenter près de la moitié des émissions de CO₂ liées aux nouveaux champs d’exploitation d’ici 2050 !
Le comble est encore plus saisissant si l’on se penche un instant sur la COP28 aux Émirats arabes unis. Souvenez-vous : à ce moment-là, une transition hors des combustibles fossiles avait alors été adoptée comme objectif collectif. Pourtant, ces mêmes Émirats continuent d’approuver des projets d’exploitation qui pourraient se prolonger jusqu’en 2100. Totalement paradoxal !
Les grandes puissances pourraient tenter de donner l’exemple, mais une sortie d’inertie générale semble s’emparer du monde. Or, sans une action rapide pour stopper l’expansion fossile, l’objectif d’une élimination équitable des combustibles fossiles à l’échelle mondiale restera pour toujours hors de portée.
En bref… L’urgence d’une action coordonnée
Malgré quelques avancées (limitées), la COP29 a surtout révélé des tensions profondes entre ambitions économiques et exigences climatiques. Comme nous l’avons vu, les hôtes ont en effet été critiqués pour leur manque de cohérence. De leur côté, les pays les plus vulnérables ont rappelé l'urgence d'une action immédiate. Comment s’accorder ? Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, il est plus que jamais essentiel que les engagements deviennent des réalités concrètes, à travers des politiques fermes et une volonté collective d’agir.